Bonjour à tous et toutes !

Conférence – Les études face au TDAH :

Nous vous avons proposé une conférence sur le TDAH et les études le mercredi 30 octobre 2024, à la salle Geopolis 1612, à 18 heures. L’entrée était libre (ouverte à tout le monde sans inscription) et nous avons également proposé la conférence sur Zoom (QR code présent sur l’affiche).

Programme de la soirée :

La conférence a été donnée par le Dr. François Candaux, qui est un médecin spécialisé dans les troubles de l’attention chez les adultes. Nous avons ensuite eu la chance d’avoir le témoignage de Thomas Herbault, étudiant en Bachelor de biologie. La conférence s’est terminée par une table ronde (où nous avons pu interagir avec les intervenants et poser nos questions) et par un apéritif offert par Projet Solidaire.

Merci d’avoir été aussi nombreux et nombreuses à notre conférence !

Retour sur la soirée – Qu’avons-nous appris ?

Le TDAH se présente sous forme de triade : Il existe des symptômes attentionnels, d’hyperactivité et d’impulsivité, mais aussi des symptômes au niveau de la régulation des émotions. Le trouble peut se présenter soit avec une prédominance de l’inattention, soit de l’hyperactivité et de l’impulsivité, mais il peut également y avoir une présentation combinée.

D’un point de vue historique, on pensait que c’était une maladie d’enfant, mais nous savons aujourd’hui que les symptômes peuvent perdurer jusqu’à l’adolescence et à l’âge adulte. On pensait également que la répartition des sexes était inégale, qu’il existait en fait plus d’hommes ou garçons souffrant du trouble que des filles. Nous savons aujourd’hui que cela est faux et que le rapport est plutôt de 1:1 (un garçon pour une fille). Cette fausse idée découle du fait que la présentation des symptômes chez les filles est parfois différente que chez les jeunes garçons (moins d’agitation motrice chez les filles), ce qui peut mener à une non-détection du trouble.

Une question qui est fréquemment posée est la suivante : Est-ce qu’un TDAH peut apparaitre à l’âge adulte ? Les études montrent que le TDAH est un trouble neurodéveloppemental (1), c’est-à-dire une condition qui apparaît pendant le développement du cerveau. On ne peut donc pas dire qu’un TDAH puisse apparaître à l’âge adulte. Or, il est tout de même important de prendre en compte que certaines personnes ne sont pas diagnostiquées jusqu’à l’âge adulte, surtout si leurs symptômes étaient masqués ou compensés durant l’enfance et/ou l’adolescence.

Quels sont les symptômes du TDAH ? Les symptômes se regroupent en trois catégories : Inattention, hyperactivité et impulsivité. Les symptômes attentionnels peuvent inclure des difficultés à soutenir son attention et à se concentrer (même si des hyper-focalisations sont possibles, par exemple un enfant est très distrait à l’école mais très concentré lorsqu’il joue aux jeux vidéos), mais aussi des difficultés à s’organiser (gestion du temps, perdre fréquemment ses affaires). La procrastination et la difficulté à persévérer dans les tâches ou les projets entrepris peuvent également être présents.

Du côté de l’hyperactivité et de l’impulsivité, une personne ayant un TDAH peut parler trop fort, présenter une agitation motrice, couper la parole aux autres et s’engager dans des conduites à risque sans réfléchir aux conséquences pour rechercher de la stimulation (jeu pathologique, paris risqués, addictions, etc.). Il est important de mentionner que le TDAH s’accompagne chez la plupart des personnes d’une comorbidité (dans 80% des cas).

Quels sont les traitements pour le TDAH ? Les traitements peuvent inclure la psychoéducation, les médicaments (pharmacologie), la psychothérapie et le coaching. Ces traitements visent à aller contre les problèmes d’attention, d’hyperactivité et d’impulsivité. Dans la psychoéducation, nous expliquons à la personne ce qu’est le TDAH (symptômes, impacts, causes, explication des mécanismes cérébraux) et l’aidons par exemple à adopter un mode de vie structuré, car la structure fait baisser la symptomatologie.

La pharmacologie est très efficace dans le traitement d’un TDAH, même si elle peut venir avec des effets secondaires. Il existe deux grands types de psychostimulants : Le méthylphénidate (Ritaline, Concerta ou Medikinet) ou les dérivés d’amphétamines, qui ont généralement des effets secondaires plus importants et qui sont contre-indiqués si la personne souffre des troubles cardiaques.

La psychothérapie à elle seule n’est pas grandement efficace. Pour qu’elle soit plus efficace, elle doit être couplée à la médication. Une thérapie cognitivo-comportementale peut agir sur les schémas de pensée dysfonctionnels, sur la régulation des émotions et les comportements. Le coaching peut aider les étudiant(e)s à mettre en place des stratégies pour l’organisation des études et les révisions par exemple. Avant d’en finir avec le traitement du TDAH, il est très important d’inclure les proches dans les démarches et de leur expliquer ce qu’est réellement le TDAH.

Le TDAH face aux études :

Et qu’en est-il du TDAH pendant études ? Le TDAH est connu pour avoir un impact négatif sur les études. Statistiquement, les personnes ayant un TDAH ont moins de chance d’arriver à l’université. Les notes à l’école ou à l’université (ou autre formation) peuvent être impactées à cause des problèmes attentionnels et les abandons en cours de route sont plus fréquents. Plus concrètement, un.e étudiant.e pourrait avoir de la peine à maintenir son attention pendant deux périodes, oublier de tourner la page à un examen, loupant ainsi la moitié des questions, ou regarder par la fenêtre car il y a des stimuli distracteurs à l’extérieur. Ces éléments peuvent avoir un impact sur la motivation et les performances.

Il existe des aménagements pour les étudiants qui servent à compenser les désavantages dus au handicap, par exemple obtenir du temps supplémentaire lors d’examens, l’enregistrement des cours ou placer l’étudiant.e dans une salle plus silencieuse. Mais, il existe toujours certaines limitations : L’école de médecine à Genève refuse les aménagements lors de la première année par exemple.

Témoignage de Thomas Herbault :

Thomas est actuellement étudiant en première année de biologie et a été diagnostiqué d’un TDAH à l’âge de neuf ans. Il commence à suivre un traitement de ritaline mais arrête à l’âge de 12 ans à cause des effets secondaires (tremblements, impression que les émotions sont inhibées). À l’âge de 14 ans, Thomas commence un suivi avec une ergothérapeute afin qu’elle puisse l’aider à mieux s’organiser. Au gymnase, il recommence à prendre un traitement médicamenteux à l’approche des examens.

Thomas présente plusieurs difficultés dues à son TDAH : Il a certaines pensées qui se bousculent, il procrastine beaucoup et se sent parfois paralysé face à la masse d’informations ou de travail. Les oublis sont fréquents, il peine à planifier son temps et est parfois désorganisé. Thomas souffre aussi d’un trouble anxieux (comorbidité courante chez les personnes atteintes d’un TDAH) qui a eu de véritables conséquences physiques comme des faiblesses musculaires et la paralysie des jambes. Cela s’appelle un trouble somatoforme (2).

Thomas nous a parlé des stratégies qu’il a mis en place face à son TDAH et son anxiété. Dans le contexte universitaire, Thomas priorise les sujets plus faciles avant ses pauses afin de ne pas se sentir frustré et stressé pendant. Cela lui permet de se reposer, se motiver à nouveau et d’attaquer des sujets plus compliqués après ses pauses. Pendant ses pauses, il aime bouger un peu et il se place au premier rang pendant les cours afin de réduire au maximum les stimuli. Thomas prend ses notes uniquement à la main car il y a trop de distractions sur son ordinateur. Il a également mis en place une routine afin d’avoir plus de structure dans sa vie : Il se lève tous les matins à la même heure par exemple. Il témoigne que si un petit élément dévie de sa routine, cela peut prendre des proportions démesurées, donc il essaie d’éviter cela à tout prix.

Thomas fait part qu’il a subi des harcèlements pendant une grande partie de sa scolarité et qu’il a eu affaire à beaucoup de commentaires du style « Tu n’as rien à faire de ce que je te raconte ». Or, il souligne qu’avoir un TDAH n’apporte par que des inconvénients et que c’est comme avoir un « petit super-pouvoir » qui le rend bien plus sensible à son environnement.

Remerciements :

Nous tenons à remercier le docteur François Candaux et Thomas Herbault pour nous avoir partagé leurs expériences avec le TDAH. Leurs éclairages sur la thématique ont été d’une grande valeur pour toutes les personnes présentes et ont grandement contribué à enrichir nos connaissances !

Définitions :

(1) Troubles neurodéveloppementaux : « Les troubles neurodéveloppementaux sont des troubles comportementaux et cognitifs qui surviennent au cours du développement et entraînent alors des difficultés importantes dans l’acquisition et l’exécution de fonctions intellectuelles, motrices, langagières ou sociales spécifiques. Parmi les troubles neurodéveloppementaux figurent le trouble du développement intellectuel, le trouble du spectre de l’autisme et le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H). Ce dernier se caractérise par un schéma persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité qui a des effets négatifs directs sur le fonctionnement en milieu scolaire, professionnel ou social. « 

Source = https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mental-disorders

(2) Troubles somatoformes : « Tous ces troubles impliquent la somatisation, c’est-à-dire l’expression de facteurs mentaux comme symptômes physiques. La principale préoccupation d’une personne atteinte de ce trouble sera ses symptômes physiques, par exemple la douleur, la faiblesse, des nausées, ou d’autres sensations corporelles. […] »

Source = https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-mentaux/troubles-somatoformes-et-apparent%C3%A9s/trouble-somatoforme